Conférence donnée par Jean-Paul La Batie, le mercredi 25 mai 2016, à la Maison Saint-Anthelme de Belley, sur Le docteur Joseph Claude Anthelme Récamier

J P LabatieJoseph Claude Anthelme Récamier, naît le 16 novembre 1774, à Cressin-Rochefort, sur la rive droite du Rhône. Issu d’une famille implantée de longue date en Bugey, puisque la généalogie peut y être remontée jusqu’en 1490, il compte parmi ses aïeux, des médecins, des prêtres, des jurisconsultes et des notaires royaux juges-châtelains. Son père François Marin Récamier est le quatrième notaire royal juge-châtelain de la famille, parente des Brillat-Savarin, et sa mère, Jeanne-Françoise Chaley, originaire de Ceyzérieu, est apparentée à Saint François de Sales. D’une mère catholique, et de son oncle, curé de Villebois (Ain) il reçoit une éducation certes bourgeoise et religieuse, mais aussi rigoureuse et marquée par le sens du devoir. Son parrain est Jean Anthelme Brillat-Savarin, auteur de Physiologie du Goût.

Joseph Récamier poursuit des études secondaires au collège de Belley, puis, contrairement aux vœux de son père, il ne s’oriente pas vers le notariat, mais vers la médecine en entrant dans le service de chirurgie de son oncle, le docteur Anthelme Récamier, à l’hôpital de Belley. En 1793, il est réquisitionné comme sous aide-major dans l’armée des Alpes, et dirigé avec elle sur Lyon, pour réprimer la révolte des insurgés. C’est à cette période qu’il se lie d’amitié avec Bichat.


Incorporé ensuite dans l’armée de mer, il est envoyé à Toulon, où règne le plus grand dénuement. De difficiles conditions de vie ne l’empêchent pas de passer brillamment un examen classant qui lui permet d’obtenir une place de premier aide-major. Lors d’une bataille navale, dans le golfe de Gênes, sur le « ça ira », il a l’occasion de démontrer toutes ses capacités de dextérité et de sang-froid. Interné en Corse, à Saint-Florent, il est échangé contre le chirurgien-major du Berwick, navire anglais capturé auparavant. Revenu à Toulon en octobre 1795, il suit les cours de Dominique Larrey, puis, après un passage à Lyon comme interne, il part à Paris en septembre 1797 pour y suivre les cours de l’Ecole de Santé.

Il est épaulé et remarqué par d’illustres maîtres : Corvisart, Pinel et Boyer. En décembre 1799 Il obtient le grand prix de l’Ecole pratique et soutient une thèse remarquable intitulée « Essai sur les hémorroïdes ». Nommé alors médecin suppléant de l’Hôtel-Dieu, il devient, en 1803, médecin expectant, puis en 1806 médecin-chef. Il le reste quarante ans. Pendant cette longue période il fait des recherches dans divers domaines.

Conf LaBatie Joseph RecamierSur ce chapitre, nous nous bornerons à n’en relater que quelques-unes. Ayant observé que des métastases (dont, en 1829, il donne la définition moderne) se forment à partir de la tumeur initiale, il met en évidence la nécessité d’opérer rapidement les cancers. La mise au point d’un speculum gynécologique en étain, d’abord conique, puis en deux parties, lui permet de mieux aborder certaines interventions gynécologiques. Ces interventions sont initialement faites localement, sur le col. Mais, en 1829, après plusieurs années de recherches, il pratique la première opération sur le cancer de l’utérus, et obtient la guérison de la malade. Dans ce domaine, il invente aussi divers instruments de chirurgie, dont la curette dite de Récamier, toujours utilisée de nos jours. Il s’attache également à mieux appréhender le diagnostic des kystes hydatiques du foie, ainsi que le mode d’intervention. En pneumologie, il met au point un système de siphon, permettant d’évacuer les liquides purulents pleuraux. En l’absence, à l’époque, d’antithermiques sur la fièvre, il met en évidence l’intérêt des bains froids, usage qui, quelque peu modifié (dans la limite de 2°C), perdure aujourd’hui, pour les nourrissons fébriles.

Quant à l’homme, que certains qualifient de bourru bienfaisant, au verbe haut, à la manière impérieuse (Monseigneur Blanchet), il a une taille élevée, l’élocution brusque, le caractère parfois bouillant, donnant ainsi une impression de puissance. Mais c’est aussi un homme généreux et charitable. Ainsi, s’il prend sa retraite à 72 ans, il continue à soigner bénévolement de nombreux pauvres. Sa femme tient salon, comme sa cousine Juliette - qui a épousé Jacques Rose Récamier – à l’Abbaye-aux-Bois (7e arrondissement de Paris). Il meurt le 28 juin 1852. Le professeur Récamier était officier de la Légion d’Honneur, mais avait refusé d’être le médecin de Louis XVIII, ainsi que décliné l’offre du titre de Baron. En 1956, son nom fut donné au nouvel hôpital de Belley, alors en construction, en commémoration du centenaire de sa mort.