Rencontre sur le thème de l'Hôtel Berrard
Vendredi 26 juillet 2019, la Société Savante Le Bugey et les Amis de la Bibliothèque d’Artemare ont organisé une rencontre sur le thème de l’Hôtel Berrard, titre d’un article paru dans le numéro 106 de la revue de 2019.
Les Bugistes, très intéressés sont venus nombreux écouter Maurice Berrard et d’autres personnes évoquer des souvenirs. Pour clôturer la soirée, un verre de l’amitié a permis de poursuivre les échanges.
Conférence de Serge Guiboud-Ribaud donnée le 13 juin 2018, à la Maison Saint-Anthelme de Belley sur les deux Pont-de-Beauvoisin.
D’emblée, le conférencier, place ses auditeurs dans la situation des Pontois des deux rives du Guiers. Il utilise à dessein le symbole de la divinité romaine du Janus bifront - à « deux têtes » - qui évoquait pour les latins les passages, les portes, mais aussi les commencements et les fins. Car, depuis la fin du XIVe siècle, la vie de ses habitants a toujours été rythmée et influencée par la frontière qui sépare alors le comté de Savoie des terres du Dauphiné récemment acquises par la France.
Il précise ensuite, à l’aide de cartes et d’une chronologie comment fut créée cette frontière du Guiers. Nous nous bornerons ici à citer quelques évènements marquants, à savoir : 1288 : acquisition des deux bourgs de Pont-de-Beauvoisin par Amédée VI de Savoie ;en 1349 : le Dauphin Humbert II vend (« transporte ») le Dauphiné à la France ; 1355 : premier traité de Paris et 1377 : second traité de Paris. On observe qu’à cette dernière date, sont mis en place sur chaque rive un seigneur et un mandement mais une seule paroisse (Saint-Clément) et un seul cimetière sur la rive française.
Puis il évoque l’importance de la route Lyon-Turin que favorisent tout à la fois les comtes et ducs de Savoie et les rois de France avec de part et d’autre des Alpes, une douane à Pont-de-Beauvoisin, et l’autre à Suse en Piémont. Cette voie n’est en fait, qu’une dérivation d’une vingtaine de kilomètres passant par Les Abrets et Pont-de-Beauvoisin, de l’antique voie impériale romaine Vienne-Milan par le Petit-Saint-Bernard – devenue Lyon-Turin par le Mont-Cenis - reliant La Tour-du-Pin à La Bridoire, et transitant par Aoste (Isère) et la vallée du Guiers. Cet intérêt qu’elle garde pendant près de cinq siècles, elle le doit principalement aux XVe et XVIe siècles, au développement des foires de Lyon, de la poste, de la diplomatie mais aussi au tourisme et des pèlerinages, et malheureusement au passage des armées vers le Milanais et l’Italie, le comté de Savoie étant une des rares « portes des Alpes ».
Parmi les éléments qui contribuent ensuite à renforcer le choix de cet itinéraire, le conférencier fait état de l’amélioration de son tracé avec la construction en 1583 du pont François 1er sur le Guiers, de la route des gorges de Chailles et de l’aménagement improprement appelé « voie sarde » en 1672, et enfin de l’ouverture du tunnel des Echelles en 1820. Il mentionne aussi des « remises de princesses » entre France et Savoie aux XVIIe et XVIIIe siècles qui donnent aux Pont-de-Beauvoisin leurs lettres de noblesse.
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Conférence donnée par Dominique Tritenne, le mercredi 15 novembre 2017, au palais épiscopal de Belley : "Carrières, carriers et marbriers dans le Bugey"
Ce titre dévoile un circuit sur la bordure occidentale du Bugey, entre Saint-Sorlin et Peyrieu, où la part belle est donnée au thème cher à l’auteur : l’évocation de la pierre et de ses métiers, à travers tout un petit patrimoine souvent méconnu ou passé inaperçu. La matière est là : 50 % des sites de carrières recensées dans le département de l’Ain se trouvent dans le Bugey méridional ! Quelques archives, cartes postales anciennes et articles de presse permettent de compléter la présentation commentée sous forme de diaporama. Après un rappel sur la géologie du massif bordant la rive droite du Rhône, l’auteur prend plaisir à entrainer l’auditeur, dans une promenade, un peu à la manière du baron Achille Raverat, au XIXe siècle, sac sur l'épaule et bâton ferré à la main. Voici quelques exemples glanés lors de la conférence...
Sault-Brenaz, commune créée par deux hameaux issus respectivement de Villebois et Saint-Sorlin, et réunis en 1867, était le port d’expédition de la pierre extraite à Villebois. Sault et Brenaz avaient une vocation radelière et marinière. Leurs habitants possédaient en effet un réel savoir-faire à construire des embarcations, leur faire descendre le fleuve jusqu’à Lyon, et ainsi approvisionner la ville en denrées consommables et matières premières variées. Ne dit-on pas d’ailleurs, que Madame Defforey, épicière de Villebois, eut, la première, l’idée de demander aux mariniers de lui rapporter des marchandises de Lyon pour son commerce, puis pour d’autres. Plus tard, les familles Badin-Defforey et Fournier allaient fonder une chaîne d’hypermarchés, Carrefour…
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Conférence donnée par Marie-Berthe de Reinach, le mercredi 4 octobre 2017, au palais épiscopal de Belley : "Eclairages inédits sur Gertrude Stein et Alice Toklas en Alsace et en Bugey"
D’emblée, notre conférencière tient à préciser qu’elle ne souhaite pas s’inscrire dans une présentation biographique de Gertrude Stein, exercice auquel s’est notamment déjà astreint Dominique Saint-Pierre. Elle préfère commenter et interpréter quelques éclairages, plutôt inédits, des activités de G. Stein et A. Toklas, au cours de la période 1914-1946.
Au début de la Première Guerre mondiale, GS et AT se trouvent à Majorque. Dès 1917, elles décident de rejoindre Paris et d'offrir leurs services à l'AFFW, American Fund for the French Wounded, Comité américain d'aide aux blessés français.
Après diverses missions effectuées à Perpignan et Nîmes, à la fin des hostilités, elles rejoignent l’Alsace, via Paris, toujours à la demande du Comité. Cette fois-ci dans le but d’aider les populations des régions sinistrées par les combats. De Strasbourg elles se rendent à Mulhouse, comme nous le montrent les photos retrouvées à l’université de Yale et prises devant et dans la cour du Gymnasium qui deviendra le Petit Lycée des Garçons de Mulhouse. Leurs activités les conduisent ensuite à Hirsingue et Guebwiller. Puis à Cernay où elles rencontreront le curé Alphonse Heck (qu'elles nommeront l'abbé Hick ), lequel se chargera de distribuer l'aide américaine, consistant en couvertures chaudes, sous-vêtements de laine et chaussons, aux nécessiteux dont il a la charge.
Elles seront toutes les deux décorées, en 1920, de la médaille de la Reconnaissance Française pour les services qu'elles avaient rendus au sein de l'AFFW. Cette même année, Gertrude Stein publiera un recueil intitulé "Geography and Plays", Géographie et Pièces de Théâtre. Parmi ces petites pièces, la conférencière s'est intéressée tout particulièrement à "Accents in Alsace. A reasonnable tragedy", Accents en Alsace. Une tragédie raisonnable, dans laquelle Gertrude Stein évoque notamment, les contraintes et mesures de rétorsion auxquelles avaient été confrontées les populations alsaciennes depuis leur annexion à l'Empire allemand en 1870.
A l’été 1924, Picasso leur demandera de le rejoindre en Provence. C’est à cette occasion, bien connue de tous, que G. Stein et A. Toklas vont faire connaissance avec le Bugey, par le biais du restaurant Pernollet à Belley....
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Conférence donnée par Monique Dacquin, le mercredi 12 avril 2017, à la Maison Saint-Anthelme de Belley, sur "Le général de Boigne (1751-1830), Chambéry et l’Avant-Pays savoyard".
D’emblée, notre conférencière de ce jour, présidente des 150 guides conférenciers du Patrimoine de Savoie, et ex-présidente des Amis du Vieux Chambéry, tient à préciser que la complexité du personnage et de son parcours, qui a suscité tant de jalousies, de ragots, de polémiques, voire même de procès, n’a pas contribué à en laisser une image claire et aisément compréhensible.
Benoît Leborgne est né le 8 mars 1751 à Chambéry, dans une famille de commerçants établis rue Tupin (actuelle place Saint-Léger), mais dont les origines ne sont pas savoyardes, avec notamment d’autres branches installées dans le proche Dauphiné. Après des études au collège royal de Chambéry, il est amené à quitter (fuir ?) Chambéry en 1768. Plusieurs hypothèses, voire légendes, sans qu’aucune ne puisse être avancée prioritairement, ont été évoquées par Monique Dacquin pour expliciter ce départ, semble-t-il, impromptu.
Suivent alors 28 ans d’un itinéraire de véritable aventurier. Fortement marquée par les rebondissements et les changements d’orientations, cette phase de la vie de Benoît Leborgne sera surtout, mais pas seulement, marquée par une carrière militaire. Une première période d’une dizaine d’années, pourrait correspondre à celle de sa formation dans différentes armées européennes. Il est ainsi engagé 2 ans dans un régiment irlandais attaché au royaume français. Puis il intègre l’armée russe de Méditerranée. Fait prisonnier par les Turcs, il sera même esclave 7 mois en 1774. Suivent quelques années peu remarquables, semble-t-il, où il est notamment en relation avec des Anglais, qui, vraisemblablement, lui décrivent alors un « pays de cocagne », l’Inde. Où il arrive, à Madras, en janvier 1778.
Sur le sol indien, convoité alors par de multiples intérêts, principalement européens, il va débuter la seconde période de sa vie militaire, la plus féconde. Au long de ces 18 ans, il va, en effet, savoir capitaliser sur l’expérience précédemment acquise, tant en matière de stratégie militaire, que de commerce. C’est à cette époque qu’il délaisse son patronyme d’origine, pour devenir de Boigne. Après avoir échappé au massacre général de 2 compagnies britanniques, il démissionne en 1782, pour rejoindre Calcutta. Dans un contexte quelque peu confus, il va, en décembre 1784, entrer au service d’un prince indien, Sindia, pour l’aider dans ses conquêtes des Indes septentrionales. Celui-ci, après lui avoir confié la formation de 2 bataillons « à l’européenne », lui donnera progressivement plus de responsabilités et de troupes, après les victoires d’Agra (1788) et de Patan. Peu avant que son « bienfaiteur » Sindia ne meurt (1794) – mystérieusement, ou dans une embuscade ? – de Boigne se trouve être à la tête d’une armée de 100 000 hommes. Parallèlement, en relation avec Claude Martin, un Lyonnais d’origine, il va développer un commerce d’indigo. Commence probablement une période d’incertitude et de préparation d’un retour en Europe, qui va durer jusqu’en novembre 1796, époque de son embarquement.......
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Conférence donnée par Michèle Blanc, le mercredi 16 novembre 2016, au Palais épiscopal de Belley, à propos d’Adolphe Appian (1818-1898), peintre paysagiste en Bugey.
La présentation du peintre Adolphe Appian, agrémentée par la projection de nombre de ses œuvres, a attiré un large public dans la salle du Palais épiscopal.
La vie de cet artiste depuis sa jeunesse, à Lyon, fut explorée par la conférencière, avec un accent donné sur les dons d’Appian pour le chant et la musique, dans lesquels il excellait, jouant du cornet à piston, du flageolet, du violon, et du piano. Ce fut ensuite la découverte de la peinture sur soie, dans laquelle Appian fut initié par un peintre paysagiste. Un autre don, découvert à cette occasion, lança Appian dans la peinture sur toile de paysages locaux, principalement en Bugey. Après avoir été éduqué en cela par des peintres tels que Corot, Daubigny et Ravier.
Le public découvrit les différentes périodes de la vie d’Appian, les lieux choisis, sa façon de les analyser et de les reproduire. Notamment cette nature qu’il affectionnait dans le silence, lorsqu’à l’heure du crépuscule, au bord du marais de Virieu ou du lac de Chavoley, il peignait le retour des pêcheurs et leurs barques chargées de filets. Appian, c’était le peintre de l’instant, où le silence faisait encore du bruit. Il excellait dans la représentation de la lumière, de l’air, de l’atmosphère du site. Dans la salle de réunion du Palais épiscopal, le public captivé, ne disait mot ! Silence absolu.
Ses œuvres se vendaient bien. Il eut des clients célèbres, tels Napoléon III et la princesse Mathilde auxquels il céda deux tableaux, payés 2000 francs or chacun. L’un concernait Les bords du lac du Bourget et l’autre Le Bac, croqué à Chanaz. Puis ce fut l’ascension d’Appian, qui présentait ses productions dans toutes les expositions, en France et à l’Etranger, fusains, eaux fortes, aquarelles.
Le public eut droit aussi à l’explication de la réalisation des œuvres à l’eau forte, dans lesquelles Appian, maître-aquafortiste, excellait. Ainsi fut réalisé, sur les conseils de son ami Burty, Le chemin des Roches.
Durant 17 ans Appian vint en famille à l’hôtel Buffet à Artemare. Il aimait y retrouver ses lieux familiers. Pendant ses séjours, il peignit une trentaine d’œuvres, tant sur Cerveyrieu et les environs, que dans les vallées du Furans et de l’Albarine, jusqu’au plateau d’Hauteville.
Conférence donnée par Bernard Kaminski, le mercredi 19 octobre 2016, au Palais Episcopal de Belley, à propos de la ville de Belley antique
Les fouilles entreprises à l’occasion de la reconstruction de la cathédrale au XIXe siècle, lors de la construction de la maison Saint-Anthelme en 1931, puis des thermes en 2008-2009, mais aussi les trouvailles fortuites faites depuis plusieurs siècles sur l’emprise de l’agglomération antique, ont permis progressivement, de donner une idée de l’importance de la ville.
Bien avant ces fouilles, les traditions orales populaires, confirmées notamment par les écrits de Jacques Fodéré, au début du XVIIe siècle, et le mythique « Poème de la ville de Belley », très probablement fécondé par la fertile imagination de Philibert de Pingon au milieu du XVIe siècle, avaient contribué à valoriser, souvent abusivement, son passé plurimillénaire. La faisant remonter au-delà de Brennus (IVe siècle av. J-C), la donnant comme lieu de séjour de César avant la conquête des Gaules, elles en firent la proie des Goths barbares d’Alaric au début du Ve siècle. En outre, elles lui attribuèrent tous les apparats d’une grande cité romaine, tels que théâtres, temples, amphithéâtre, forum, enceinte complétée d’une citadelle, multiples portes, et réseau d’aqueducs.
Si les découvertes les plus anciennes la font effectivement remonter à la fin de l’Âge du Bronze, il est vraisemblable que c’est à l’Âge du Fer, et notamment à La Tène (IIIe et IIe siècles av. J.-C.), que les trois conditions habituelles des lieux de sédentarisation furent alors appréciées en ce lieu. Il permettait en effet d’associer un carrefour de voies stratégiques, notamment de la route de l’étain, entre la (Grande) Bretagne et la péninsule italienne, la présence de sources permanentes au pied de la côte de Melon et un habitat de hauteur sur le plateau situé entre le Furans et l’Ousson. Quel peuple gaulois l’occupait alors ? Le conférencier, reprenant point par point différents éléments de recherche (monnaies, écrits de César, approches géostratégique et ecclésiastique, métriques des voies antiques, incorporation commune du Bugey, Valromey et Savoie Propre en Sapaudia dès le IVe siècle, etc.) conclut à l’appartenance du Bugey et du Valromey au territoire allobroge.