Les bernardines à Belley entre éducation, contemplation et refondation (XIXème - XXème siècles)
Une conférence de Monsieur Alain GUERRIER le mercredi 29 avril 2015
S’inspirant des préceptes qui animaient déjà saint Bernard, abbé de Clairvaux, promoteur de l’ordre de Cîteaux au XIIe siècle, les Bernardines sont issues d’une réforme de l’ordre cistercien en Savoie, au début du XVIIe siècle, à la suite du concile de Trente (1530).
C’est au sein de l’abbaye d’origine médiévale de Sainte-Catherine du Mont, implantée sur les contreforts du Semnoz, à proximité d’Annecy, que cette réforme (participant, en fait, de la Contre-Réforme, à peu de distance de la Genève protestante) va naître, sous l’impulsion de François de Sales, évêque de Genève, et de Louise de Ballon.
Mais la communauté est divisée. Aussi, en 1622, Louise de Ballon la quitte pour fonder l’ordre des Bernardines (Réformées ?), et essaime en Savoie, dans un premier temps, avec cinq « réformistes », au centre de Rumilly, puis à Seyssel en 1627.
Au cours des années qui suivent la rupture effective et juridique avec Cîteaux, en 1625, sont publiées la Règle et les Constitutions de la congrégation de Saint-Bernard (1631), elles-mêmes approuvées par le Pape en 1634. La congrégation recensera plus d’une trentaine de couvents. A ce jour, seul subsiste celui de Collombey dans le Valais suisse.
L’implantation des Bernardines à Belley se fait au début du XIXe siècle, sous l’impulsion de mère Marie-Victoire de Luyzet (1762-1849), dernière moniale de Seyssel à la Révolution, avec pour objectif principal, l’instruction de la jeunesse à la vertu et à la piété.
Installées rue des Barons dès 1805-1806, les obstacles semblent pourtant s’accumuler devant les Bernardines de Belley tout au long des premières décennies du XIXe siècle. De 1806 à 1809 cet établissement passe même sous la coupe des Dames du Sacré-Cœur. Toutefois, son aspect missionnaire se poursuit, tant au loin, que de façon plus proche, à Carouge, près de Genève (1811-1815).
La restauration du diocèse de Belley en 1823, avec Monseigneur Devie, puis l’Ordonnance Royale de reconnaissance officielle par l’Etat, leur permettent de sortir de leurs difficultés. Ainsi, les Bernardines de Belley participent-elles à l’assistance de leurs consœurs de Collombey en 1859, mais aussi à la tentative de refondation du couvent de Rumilly à la fin du XIXe siècle. Parallèlement, l’œuvre d’éducation se poursuit, ce dont témoigne encore l’architecture des locaux. Ainsi, par exemple, le pensionnat accueillait 48 pensionnaires en 1897.
Mais la loi concernant les Congrégations confessionnelles (1904), ainsi que celle de séparation des Eglises et de l’Etat (1905), portent le coup de grâce aux Bernardines de Belley, même si ce n’est qu’en 1947 que « tout fut effectivement consommé », les trois dernières sœurs quittant alors la rue des Barons.
On peut aujourd’hui espérer que le projet de réhabilitation des Bernardines de Belley puisse arriver à terme, afin de garder vivante la mémoire des moniales.