e cretetUn illustre pontois aujourd'hui méconnu, Emmanuel Crétet, Ministre de l'intérieur de Napoléon Ier.

Une conférence de Monsieur Jean-Pierre BLAZIN le mercredi 20 mai 2015

Dans la ville de Pont-de-Beauvoisin, partagée par le Guiers, Emmanuel Crétet naît le 10 février 1747, en rive droite, côté royaume de Piémont-Sardaigne. Car, depuis 1601, date du traité de Lyon entre le duché de Savoie et le royaume de France, la ville, contrairement à celles de Seyssel, Chanaz et la Balme, ne fait pas partie, sur ses deux rives, du royaume de France.

Dans ce contexte politique, Emmanuel Crétet est issu d’une famille de notables qui s’est considérablement enrichie dans le négoce de frontière, vraisemblablement aussi en réalisant des opérations de contrebande. Ce qui n’avait, il est vrai, rien d’exceptionnel en pays de Guiers, car pendant ses jeunes années, y sévissait « la bande à Mandrin ». Cette famille possédait deux hôtels particuliers, exerçait alors des activités bancaires, et aspirait, en conséquence, à acquérir des titres de noblesse.

Alors que son frère Henri continue les activités commerciales et bancaires au Pont-de-Beauvoisin, se faisant même remarquer en protégeant les Carmes lors de l’entrée des troupes révolutionnaires, Emmanuel Crétet va poursuivre de brillantes études à Grenoble. Il se rend ensuite à Bordeaux d’où, en tant que commis d’un armateur, il entreprend six voyages en Amérique.

Plus tard, à Paris, il dirige une compagnie d’assurances incendie. Si sa carrière politique ne démarre pas plus tôt, c’est parce qu’en 1792, Emmanuel Crétet va acquérir, en tant que bien national, la chartreuse de Champmol, près de Dijon, et n’aura de cesse de s’occuper de ses biens. Ce n’est qu’en 1795, qu’il devient député de la Côte-d’Or, puis membre du Conseil des Anciens en 1797, à l’âge de 50 ans.

Influencé par les voyages qu’il a effectués auparavant en Angleterre, et devenu un révolutionnaire modéré, il est favorable à Bonaparte lors du coup d’Etat du 18 Brumaire (9 novembre 1799), lequel le remercie par une nomination à un poste de conseiller d’Etat.

Sa carrière est dès lors entièrement consacrée à la défense de l’Etat et de l’Empire. En tant que conseiller d’Etat, il co-rédige le Concordat de 1801, ce qui incitera vraisemblablement le Pape Pie VII, à s’arrêter une nuit dans l’hôtel familial, lors de son passage à Pont-de-Beauvoisin en 1804. A la même époque, certainement inspiré par l’existence de la mappe sarde en Savoie, il conseille Bonaparte pour créer le cadastre-type en 1802.

Il intervient également dans beaucoup d’autres domaines, notamment lors de création de la Banque de France dont il est nommé gouverneur en 1806, mais aussi en favorisant le développement des ponts, chaussées, canaux et lignes télégraphiques. Dans ces circonstances, il s’est occupé principalement des routes des Alpes (Mont-Cenis et Simplon), des ponts de Roanne et de Bordeaux et de l’engagement des travaux du tunnel des Echelles. Mais il a participé surtout à l’embellissement et à l’assainissement de Paris, avec la construction des ponts d’Austerlitz et d’Iéna, du grenier d’Abondance, de la halle au Blé, devenue bourse en 1807, de l’église de la Madeleine, du canal de l’Ourcq, des abattoirs de la Villette, de fontaines publiques, de la réorganisation des cimetières (avec aussi le déménagement du cimetière des Innocents) et de l’engagement des travaux de l’Arc de Triomphe.

Au faîte de sa gloire, ministre de l’Intérieur, il est enfin nommé comte de Champmol en 1808, dignité à laquelle sa famille aspirait depuis des lustres.

Le 29 juin 1809, il démissionne pour raison de santé. Parti prendre les eaux à Spa, il en rentre précipitamment et meurt le 28 décembre 1809. Sa dépouille est inhumée au Panthéon.