cathedrale saint claudeExcursion à Saint-Claude le 8 juillet 2015

La canicule accablait le Bugey. Elle avait découragé de nombreux membres de notre Société qui avaient préféré la protection de l’ombre à la chaleur du bitume. Les excursionnistes étaient pour cette raison en petit nombre, une vingtaine, qui partirent à l’heure dite vers les montagnes du Jura pour arriver à Saint-Claude sous une température... printanière !

Cette ville n’offre pas aujourd’hui la vision d’un urbanisme de qualité. Il faut découvrir ses richesses en recherchant sur le terrain, les strates de sa longue histoire. Il faut en effet remonter au Vème siècle, pour trouver trace d’une première occupation d’un lieu dénommé alors Condat, au confluent de deux rivières, la Bienne et le Tacon. Là s’établirent, à l’ombre d’une grotte, deux frères anachorètes, Romain et Lupicin. Peu à peu une communauté s’est développée appliquant la règle bénédictine sous l’abbatiat de saint Oyand, natif d’Izernore.

Arrivé au VII° siècle saint Claude gouverna l’abbaye pendant cinquante ans. La réputation des deux saints eut pour conséquences l’enrichissement considérable de l’abbaye grâce aux dons, notamment en terres, qu’elle reçut, et l’accroissement non moins considérable du nombre de pèlerins. Conséquence subsidiaire, la ville et l’abbaye changèrent leur nom de Condat d’abord pour celui de Saint-Oyand de Joux, puis celui, qui lui est resté, de Saint-Claude après la découverte en 1160 de son corps resté intact plusieurs siècles après sa mort.
Toute une population de paysans et d’artisans s’est peu à peu agglomérée autour de l’abbaye, pour exploiter les terres, et fabriquer les objets religieux qu’achetaient les pèlerins. Une ville a ainsi grandi et prospéré aux côtés du monastère.

Dès le XVI°siècle les moines devenus riches ne respectent plus la règle bénédictine. Le régime de commende s’installe et l’abbaye est sécularisée en 1742. La communauté se transforme en chapitre de 16 chanoines dirigés par un prieur. Le déclin s’est accentué à la Révolution et il n’est resté bientôt que les ruines de l’abbaye. L’agglomération entièrement détruite par un incendie en 1799, a été reconstruite, elle est devenue prospère au XIX° siècle en développant une activité artisanale héritée de la fabrication des objets religieux.

Notre voyage avait pour but de retrouver les traces du passé de l’abbaye et de découvrir les secrets de la taille de la pipe et des diamants. Après avoir été accueilli par une animatrice de l’office de tourisme de Saint-Claude, notre première visite fut donc celle du musée de l’abbaye.

Cet édifice situé à l’emplacement même de l’abbaye et aménagé en 2008 présente dans son sous-sol les vestiges archéologiques de l’abbaye. Ils permettent avec l’aide notamment de maquettes disposées sur les lieux de se faire une idée de son organisation et de ses dimensions impressionnantes. A l’étage du musée, les participants ont pu admirer une belle collection de peintures et de dessins, de la fin du XIX° siècle aux années 1980, autour de Bonnard, Vuillard, Vallotton, Dufy et d’autres peintres affiliés à l’École de Paris dont les peintres donateurs, Guy Bardone et René Genis.

Après un repas typiquement jurassien, notre guide nous conduisit au musée de la Pipe et du Diamant. Ce musée témoigne du prestige des industries qui firent le renom de la ville. Après les objets de piété fabriqués au profit des pèlerins vint, au XVII° siècle, avec l’introduction du tabac en France, la fabrication des tabatières puis celle des pipes. Quant au travail du lapidaire, il provient de la proximité de Genève, ville de bijouterie. Une exposition permanente organisée par la confrérie des Maîtres-Pipiers de Saint-Claude et l’association des Diamantaires et Lapidaires du Haut Jura, présente des collections étonnantes de pipes, de diamants, de pierres précieuses et de synthèse, ainsi que des outils et des machines anciennes.

Notre visite s’achevait par la présentation de la cathédrale Saint-Pierre, Saint-Paul, Saint-André, ancienne église de l’abbaye, devenue cathédrale en 1742 au moment de la sécularisation des biens des moines. Sa construction à l’emplacement de l’ancienne chapelle édifiée sur le tombeau de saint Oyand remonte à l’année 1350 pour s’achever en 1726. La durée de cette réalisation s’explique par les interruptions dues aux incendies, aux guerres et aux épidémies de peste. C’est une église forteresse qui participait à la défense de l’abbaye contre les convoitises des ducs de Savoie et de Bourgogne et celle des cantons suisses. L’édifice est construit sur le module carré : la hauteur est égale à la largeur (25 mètres) comme celle de la Chaise-Dieu en Haute-Loire. D’énormes piles octogonales supportent la voûte. Aucune ouverture dans la nef mais un chemin de ronde qui fait le tour du monument. Des stalles du XV° siècle sculptées par le genevois Jean de Vitry et reconstituées à l’identique après l’incendie de 1983, habillent le chœur. Elles représentent des scènes de la vie quotidienne : moissonneur, boulanger, paysan tuant le cochon, jardinier, joueur de flûte, moine lisant, chasseur etc. Dans une chapelle collatérale, il est possible de voir la châsse qui contient une représentation en cire de saint Claude (ses reliques ont été brulées en 1794 par les révolutionnaires). Enfin un superbe retable retenait l’attention de notre groupe. Il s’agit d’un chef-d’œuvre de l’école de la Renaissance italienne commandé par Pierre de la Baume, abbé en 1533, représentant différentes scènes consacrées à saint Pierre : sa vocation, son repentir, ses miracles.

Notre autocar nous ramenait à Belley vers 21 heures.